Sociologie pour tous

Les réseaux : Dimensions Stratégiques et Organisationnelles

une étude critique de l'oeuvre de  Colette VOISIN, Sihem BEN MAHMOUD-JOUINI et Serge EDOUARD, « Les réseaux : Dimensions Stratégiques et Organisationnelles » paru aux Editions ECONOMICA.

 

Je souhaite vivement qu'elles servent à  notre collègue qui en a fait la demande pour rédiger son mémoire, mais aussi à toute personne éprise de la recherche scientifique, socioanthropologique s'entend ici.


 

 

 

 

Renan PERREAU

Cours « Théorie des organisations » - CNAM, juillet 2005

 

 

 

 

 

 

 

Sous la direction de Colette VOISIN, Sihem BEN MAHMOUD-JOUINI et Serge EDOUARD

« Les réseaux : Dimensions Stratégiques et Organisationnelles »

Editions ECONOMICA

 

 


Sommaire

 

I – Biographies des auteurs                                                                                     3

II – Postulats                                                                                                                      4

III – Hypothèses                                                                                                                  4

IV – Démonstration                                                                                                         4

V – Résumé de l'ouvrage                                                                                             4

INTRODUCTION GENERALE                                                                                                                                                4

PREMIERE PARTIE : Le réseau, objet de recherche en gestion                                                                                      6

Chapitre 1 : UN « MODELE » DE L'ORGANISATION RESEAU ?                                                                               6

Chapitre 2 : D'UN MODELE DE REFERENCE A UNE CLASSE DE PROBLEMES RECURRENTS EN GESTION 8

Chapitre 3 : La pluralité des cadres d'analyse                                                                                                                  9

Chapitre 4 : La pluralité des approches methodologiques                                                                                           12

Chapitre 5 : LA COHERENCE DECISIONNELLE                                                                                                           13

DEuxiele PARTIE : Le réseau, construction organisationnelle                                                                                  15

Chapitre 6 : LES LOGIQUES DE CONTROLES AU SEIN D'UN RESEAU DE FRANCHISES                                15

Chapitre 7 : LA GESTION DES SERVICES PUBLICS DE RESEAUX PAR LES INCITATIONS                             17

Chapitre 8 : LES EFFETS DES ERP SUR LA RECOMPOSITION DES RESEAUX SOCIAUX                                18

Chapitre 9 : LA GESTION DE CONNAISSANCES PAR UN RESEAU D'EXPERTS                                                20

Chapitre 10 : L'EMERGENCE D'UN RESEAU INSTITUTIONNEL LOCAL                                                              21

TROISIEME PARTIE : Le réseau, option stratégique                                                                                                      23

Chapitre 11 : LE CONCEPT DE RESEAU EN MANAGEMENT STRATEGIQUE : DE L'EXCLUSION A LA CENTRALITE  23

Chapitre 12 : LES MOTIVATIONS STRATEGIQUES DES COOPERATIONS INTERFIRMES                              25

Chapitre 13 : LES RESEAUX RELATIONNELS DANS LA CONSTRUCTION D'UNE ALLIANCE INTERFIRMES                27

Chapitre 14 : LES PEPINIERES ET INCUBATEURS DANS L'ACCOMPAGNEMENT DE LA CREATION D'ENTREPRISE 29

Chapitre 15 : LES RESEAUX INDUSTRIELS DE PROXIMITE                                                                                    30

Chapitre 16 : DU RESEAU STRATEGIQUE A L'INTEGRATION                                                                               31

VII – Discussion et critique                                                                                      33

VIII – Actualité de la question                                                                               33

 


 

I – Biographies des auteurs

 

Colette VOISIN

 

Professeur, Faculté de  Droit/Economie/Gestion Jean Monnet, Laboratoire de pilotage économique et social des organisations (PESOR), vice-présidente de l'Université Paris-Sud 11 chargée des relations avec les entreprises.

 

Ouvrages:

·        La coopération industrielle (2000)  Edition : Economica

(Colette Voisin; Anne Plunket; Bertrand Bellon )

·        Le Système financier français - crises et mutations (1994) Nathan
(Jean-Pierre Faugère; Colette Voisin)

·        Système financier et monétaire international - Crises et mutations (2000) Nathan
(Jean-Pierre Faugère; Colette Voisin )

 

Sihem BEN MAHMOUD-JOUINI

 

Maître de conférences en Sciences de gestion à l'Université Paris-Sud Faculté Jean Monnet
Chercheur au CRG et au PESOR (Faculté Jean Monnet)

Ouvrages:

·        Pratiques de projet en conception : l'interaction entre la conception du produit et du process (2005) Edition Eyrolles  (contribution à un ouvrage collectif)

·        Peut-on gérer l'innovation par projet ? (2004) Edition Vuibert Fnege (contribution à un ouvrage collectif)

·        Les coopérations interentreprises dans les projets de développement (2004) Edition Vuibert Fnege (contribution à un ouvrage collectif)

·        Pilotage du temps et création de valeur dans les projets (2004) Edition Vuibert Fnege (contribution à un ouvrage collectif)

 

Serge EDOUARD

 

Docteur en sciences économiques depuis 2000, Maître de conférences en sciences de gestion depuis 2002 à l'Université Paris-Sud Faculté Jean Monnet

Ouvrages:

·        Diversité et portée des approches institutionnalistes de la coopération (C. Voisin, Anne Plunket, S. Edouard et B. Bellon)

·        L'économie hors de l'équilibre (2001) Edition Economica (Coordonné par Jean Cartelier et Roger Frydman)

·        La coopération industrielle (2000)  Edition : Economica

(Colette Voisin; Anne Plunket; Bertrand Bellon )

 

Articles:

·        Dynamique des conventions et rendements croissants d'adoption localisés, Economie Appliquée, tome L, décembre 1997, n° 4, p. 33-62


 


 

II – Postulats

 

            Il existe un dénominateur commun à toutes les approches en termes de réseau : le réseau est un système coordonné d'acteurs hétérogènes, développant des transactions fondées sur des relations de coopération, afin de poursuivre collectivement un objectif partagé. De plus, le réseau est une organisation dotée d'une identité collective plus ou moins affirmée et la modalité de coordination est principalement la coopération.

 

III – Hypothèses

 

            Cet ouvrage s'attache à préciser que cette nouvelle matrice organisationnelle, l'organisation-réseau, s'inscrit dans des jeux d'acteurs, des stratégies d'entreprises, des contextes concurrentiels spécifiques qui créent de la diversité dans ses déclinaisons. De plus, pour les auteurs le modèle « organisation – réseau » concerne soit les relations interfirmes (réseau d'organisation), soit les relations intrafirmes (organisation en réseau). Ce qui revient à expliciter ces modes relationnels par l'image de « réseaux entre organisations » ou celle de « réseaux comme organisation ». Quoiqu'il en soit, l'important pour l'analyse de ce modèle est de comprendre l'articulation entre le jeu des acteurs et la structure en réseau. Aboutir à une définition unique est illusoire et la pluralité des approches retenues dans cet ouvrage ne fait que le confirmer.

 

IV – Démonstration

 

L'ouvrage est articulé autour de trois parties.

La première partie de l'ouvrage traite de l'originalité théorique, opérationnelle et méthodologique de la notion de réseau dans les sciences de gestion. L'objectif de cette partie est de mettre en évidence à la fois les particularités de l'objet de recherche réseau en gestion, l'existence d'une matrice commune « organisation-réseau ».

            La deuxième partie de l'ouvrage traite de l'organisation-réseau du point de vue global, afin d'identifier les spécificités en termes de règles du jeu, de modes de partage de la valeur, de mode de fonctionnement.

            La troisième partie de l'ouvrage aborde le réseau sous un angle plus individuel, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'un acteur. Elle tente de donner les raisons des entreprises qui appuient leur comportement ou leur stratégie sur une organisation-réseau.

 

V – Résumé de l'ouvrage

 

INTRODUCTION GENERALE

 

1. Notions de réseau

 

Nombreuses sont les disciplines qui recourent à la notion de réseau depuis quelques décennies, notamment les sciences de gestion qui ont produit un nombre non négligeable de connaissances dans le domaine en terme conceptuel, organisationnel ou stratégique.

 

            Le sens premier du mot réseau évoque un maillage, structure composée de nœuds en interrelation. Ce qui permet de distinguer le réseau comme principe organisationnel (organisation fonctionnelle modulaire) et le réseau comme processus structurant (relations de l'organisation avec son environnement). Il n'existe pas de définition unique capable de fédérer les différentes approches, mais il existe tout de même certains invariants.

 

Le réseau entre organisation, les relations de l'organisation  avec son environnement se sont accentuées ces dernière années du fait des externalisations ou de l'établissement de partenariat, il en ressort la création de réseau constitué de nœuds (activité économique créatrice de valeur) et de relations entre nœuds (transactions).

 

Le réseau comme organisation, définit comme une forme hybride entre marché et hiérarchie (Williamson 1991) ce mode d'organisation dispose d'un avantage organisationnel en matière de coût de coordination, de gestion de ressources et des compétences hétérogènes du fait des relations interpersonnelles qui la structure.

 

            Au delà de ces deux approches, il existe deux dénominateurs communs qui sont l'identité collective permettant d'obtenir un avantage concurrentiel et la coordination par coopération reposant sur le principe de confiance, l'autorité et les incitations.

 

2. Réseau et sciences sociales

 

            L'analyse sociologique a mis en avant la notion de "réseau social". Leur analyse à partir de la méthode dite "structurale" permet de donner une représentation simplifiée d'un système social complexe. Au travers la sociologie des marchés cette notion de réseau social  a permis d'analyser les conséquences des interactions sociales sur les marchés. Et à l'inverse, la sociologie des organisations, et plus particulièrement l'analyse stratégique, à permis d'analyser l'importance de l'appartenance à des réseaux sociaux intra-organisationnels dans la stratégie individuelle. Enfin, la sociologie de l'innovation à mis en avant l'intensité des liens qui lient les acteurs du réseau social pour expliquer la supériorité du réseau dans la gestion de l'innovation.

 

Dans les sciences économiques, on retrouve la notion de réseau dans trois approches. La première fait ressortir la dimension institutionnelle des marchés en assimilant l'économie à un réseau d'agents économiques reliés entre eux par des transactions. La deuxième concerne les « externalités de réseau », décrivant les industries de réseaux comme des activités économiques construisant et utilisant les grands systèmes techniques (réseaux ferroviaires, aériens, postaux, électriques, …). La troisième  concerne l'économie des organisations, s'intéressant aux formes organisationnelles efficientes et viables minimisant les coûts de production et de coordination. Les formes organisationnelles en réseau sont interprétés comme des modèles organisationnels possédant un mode de régulation intermédiaire entre celui du marché et la hiérarchie.

 

3. Réseau et sciences de gestion

 

Les sciences de gestion, au travers une approche organisationnelle et d'une approche stratégique, dégagent quatre grandes thématiques.

 

La formation et la recomposition des réseaux, face à un environnement concurrentiel de plus en plus turbulent et à la complexité croissante des processus créatifs et productifs, les entreprises ont mise en place une structure interne en réseau et participent activement à des réseaux d'entreprise. Ce mode organisationnelle lui permettant d'exploiter ces ressources internes tout en explorant de nouvelles trajectoires stratégiques. Ces modèles organisationnelle connaissent des évolutions liés aux modifications de leur lien internes et externes (introduction de nouvelles technologies, concurrences, …).

 

Le design organisationnel des réseaux, il comprend l'intensité des relations, ainsi que leur nature et leur structure. Les liens constitutifs d'un réseau sont multiformes : liens stratégiques, liens juridiques, relations d'autorité et liens relationnels. La structure d'un réseau est identifiée par l'analyse des flux d'informations.

 

Le management et les outils de pilotage, le management comprend à la fois le management global du réseau et le management individuel par la firme de ses relations de réseau. En parallèle du management individuel de chaque organisation, le management global d'un réseau repose sur la coopération des acteurs, celui-ci sera facilité par des outils de pilotage favorisant la confiance, l'autorité et les incitations. La confiance étant l'élément principal favorisant l'adhésion des membres au réseau. En plus des mécanismes de contrôle, la mise en place de mécanisme d'autocontrôle et d'incitations permet de réduire les coûts de surveillance.

 

L'évaluation de la performance, individuelle et globale, repose sur des outils de pilotage de plus en plus nombreux. Mais également via des modalités de contractualisation permettant de maîtriser les relatons informelles. La difficulté étant le partage de la valeur générée collectivement par le réseau.

 

PREMIERE PARTIE : Le réseau, objet de recherche en gestion

 

Chapitre 1 : UN « MODELE » DE L'ORGANISATION RESEAU ?

 

Le modèle de l'organisation réseau se retrouve au travers d'autres modèles tel que le modèle informationnelle de l'organisation, le modèle de l'organisation éclatée, le modèle économique de l'organisation, le modèle post-taylorien. Ce modèle d'organisation, de part sa plasticité, se décline en de nombreuses formes très disparates qui trouve leur justification dans ne logique de l'efficience. Ce modèle vise le fonctionnement interne, les relations sociales et l'organisation du travail.

 

1. Le réseau comme forme mythique d'organisation.

 

Le concept de « réseau » est souvent associé à celui de « système ». Toute deux comprennent les idées de complexité et de plasticité. En lui associant la notion de réseau, on associe au concept de système l'idée d'un phénomène dynamique avec des entités en interactions autorégulées. On retrouve cette idée dans la modélisation neuromimétique.

 

Le concept de réseau est aujourd'hui porteur d'une idée de révolution des modes organisationnels traditionnels (industriels), qui remettrait en cause les modalités de la division du travail, et au travers duquel, une nouvelle société serait possible. Ceci grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Cette idée utopiste repose sur la confusion entre Internet et la notion de réseau. Internet serait porteur de croyance et de promesses utopiques promettant un mode meilleur porté par une société mondiale de l'information.

 

L'informatique a apporté au réseau une réalité technique, mais son impact comme objet technique reste à définir. Derrière un discours valorisant Internet comme un moyen de faire évoluer les modalités de transactions en jouant sur la compression du temps et de l'espace, c'est l'idéologie du marché parfait  et de ses catégories qui semble percer.

 

2. Technoscience et réseau

 

            La technoscience exprime l'idée d'un développement scientifique et technique découplé d'un projet moral ou politique. La démocratie technique peut être considérée comme une réponse à l'autonomie des développements technoscientifiques, de part la question du sens de ses développements. Mais également, sous la forme de réseau, comme permettant matériellement la concrétisation d'une démocratie délibérative en substituant la question du bien commun politique par le bien commun moral dans un contexte où le juste prime sur le bien. L'organisation réseau rend ainsi possible une politique des intérêts raisonnables.

 

            L'organisation réseau permettrait de penser la démocratie moderne sans les partis politiques et la substitution d'une raison d'entreprise à la raison d'état. Elle rendrait possible le débat raisonnable et neutre par l'expression d'une pluralité, elle construirait aussi un nouvel imaginaire politique basé sur le consensus. Mais la démocratie technique  pose la question de la substance démocratique de la perspective informationnelle rendue possible par le réseau.

 

3. Le réseau comme configuration organisationnelle

 

            Cette idée pose la question d'un autre débat que celui qui, en économie, propose la dualité de la hiérarchie et du marché au travers du concept de transaction. Pour introduire le débat, la distinction entre la technique et la technologie est nécessaire. Cette dernière est une pratique consciente d'elle-même et se distingue de la science par son objet, la « réalité technique ». Elle indique une référence à des objets technique susceptible de la matérialiser. En organisation, la conception et la réalisation de systèmes techniques sont une activité ancienne. Aujourd'hui cette activité est très orientée vers la mise en place de système d'information et de production. Mais existe-t-il un déterminisme technologique de cette activité sachant que les technologies actuelles de l'information sont souvent considérées comme ayant le potentiel d'améliorer la communication et la prise de décision ?

 

            La notion de réseau trouve sont origine avec la notion de filet, mais sa première utilisation scientifique remonte au XIXe siècle dans les métaphores médicales, puis biologiques. C'est Saint-Simon qui introduit la notion de réseau dans un contexte social, vient ensuite le développement de cette notion à travers l'essor technologique. Aujourd'hui, il existe quatre champs disciplinaires principaux reprenant la notion de réseau, la sociologie, les sciences de l'ingénieur, l'économie et les sciences des organisations.

 

Dans ce dernier domaine, la profusion des interprétations rend difficile d'appréhender cette notion. En générale, le concept d'organisation-réseau rend compte de l'idée d'un changement permanent, d'un espace-temps toujours remodelé et d'une innovation organisationnelle permanente. Il permettrait de représenter les organisations hétérogènes et dispersées, mais libérées d'un déterminisme géographique. On peut retenir trois arguments pour définir ce concept :

-         Un argument technologique basé sur le remodelage possible des flux d'information.

-         Un argument concurrentiel basé sur des économies d'échelle possibles

-         Un argument renvoyant à la construction des compétences basé sur l'amélioration de celle-ci par spécialisation plus efficientes des actifs, développement des échanges et de processus d'apprentissage.

Mais ces concepts restent très imprégnés de l'idéologie de la firme. Ceci depuis les théorie des coûts de transaction, l'organisation, modèle hybride entre le marche et la hiérarchie,  tendrait à prendre les mêmes contours que ceux du marché et déclasserait la hiérarchie par référence à la plasticité du marché.

 

Conclusion

 

La généralité du concept de réseau permet de trouvé une issue intelligible à la perspective de changement en s'inscrivant dans une perspective évolutionniste. Il propose une définition d'un autre modèle du contrôle et de la coordination. Tout ceci conduit sous la suprématie des technologies de l'information. Le modèle du réseau devient un objet organisationnel nouveau basé sur le fonctionnement réticulaire à l'opposé de celui de la bureaucratie.

 

Chapitre 2 : D'UN MODELE DE REFERENCE A UNE CLASSE DE PROBLEMES RECURRENTS EN GESTION

 

Comme nous l'avons vue au chapitre précédent trois principaux domaines contribuent à la détermination de la notion de réseau, l'économie, les sciences de l'ingénieur et la sociologie. Qui plus est, ces contributions se nourrissent les unes des autre, ainsi, pour l'économiste le réseau technique permet l'échange marchand, pour l'ingénieur les technologies de réseau lui permettent d'exercer son talent et les sociologues observent les usages effectifs de ces technologie dans l'organisation.

 

Ces trois contributions fournissent aujourd'hui les arguments du développement de ce modèle dans notre société. Mais l'observation et l'analyse révèlent le déterminisme technologique de ce développement.

 

1. Portée et limites du réseau comme modèle de référence

 

Le réseau apparaît comme un moyen pour les entreprises de faire face aux défauts du marché sans avoir à supporter le coût d'une intégration des activités correspondante au sein d'une structure hiérarchique, ceci grâce aux formes intermédiaires fondées sur des relations de coopération basées principalement sur la confiance. Il devient une forme spécifique d'organisation, il développe sa propre logique distincte du marché et de la hiérarchie. Il s'y fait et défait également des interactions sociales. Le réseau possède une double dimension dynamique, la première est lié au fonctionnement synchronique de toute coopération interentreprises basés sur la production et l'échange d'informations de toutes nature, la deuxième concerne son évolution diachronique basé sur les processus d'apprentissage que les membres du réseau génèrent (cognitif et relationnel). Par conséquent, le réseau est un espace où se développe des apprentissages différenciés et des interactions dissymétriques, ce qui ne rend garantit pas son efficacité.

 

Sur la question du rôle des technologies de l'information dans le développement des réseaux, nous constatons qu'aujourd'hui ce sont les capacités relationnelles des systèmes informatisés et leur interconnexion qui constituent le point focal des développements et notamment l'utilisation de l'Internet (intranet, extranet) pour les échanges d'informations. Ces pratiques entraînent la « virtualisation » des entreprises. Ces dernières mobilisent ainsi des actifs, ressources et compétences qu'elles ne possèdent pas. Ces stratégies permettent de partager les coûts, de diminuer les coûts fixes et de remplacer les contrats de travail par des accords de coopération. Ceci est possible parce que les coûts, fixes en grande partie dus à la mise en réseau électronique, des services informationnels baisent avec l'augmentation de la volumétrie des échanges.

 

Néanmoins, les réseaux électroniques ne semblent pas entretenir de relation biunivoque avec les coopérations interentreprises. Au contraire, leur utilisation est très répandue dans les organisations hiérarchiques et ils ne se substituent pas aux relations humaines. Il semblerait donc qu'il y ait un phénomène de mode autour du réseau bien que les problèmes à résoudre soient réels et que les technologies de l'information apportent des solutions. C'est la façon dont se posent ces problèmes qui est véritablement structurante.

 


 

2. Le réseau comme classe de problèmes récurrents en gestion

 

            Le problème de la centralisation ou de la décentralisation de la prise de décision est un problème central des systèmes de gestion. La question est de savoir dans quels domaines et jusqu'à quel degré il faut centraliser ou décentraliser. Les progrès techniques sur le traitement de l'information et les capacités relationnelles des systèmes d'information conduit à une meilleure maîtrise du couple centralisation-décentralisation. Néanmoins, la possibilité de mémoriser des informations ne résout en rien le problème de discerner les informations importantes et de les communiquer correctement. De plus, la codification des connaissances tacites, au cœur des coopérations interentreprises reste difficile.

 

            L'autorité, définit comme le pouvoir de prendre des décisions pour les autres, est lié à la position hiérarchique dans une entreprise intégrée. De même est tenu pour responsable celui qui exerce une autorité. Ce qui ne peut être le cas dans le modèle du réseau, en dehors de la relation basée sur la transaction, on considère souvent que la confiance est le principal vecteur de coopération. L'autorité est souvent portée par une instance dédiée fonctionnant comme un collège de pair. Où  le principe de l'autorité professionnelle est appliqué et reconnue.

 

            Le réseau est souvent considéré comme un moyen de renforcer leur emprise de marché, autrement dit de renforcer leur pouvoir. Dans les réseaux centrés, les entreprises sous-traitantes ou les franchisés sont en situation de dépendance. Dans les réseaux fédérés, on trouve une collaboration entre plusieurs entreprises indépendantes, souvent ce sont des alliances, le pouvoir et plus le moyen de tirer parti de la conjugaison des efforts. Mais quelque soit le cas de figure, le réseau est un lieu de pouvoir inhérent à la dissymétrie des relations. L'interdépendance parfaite est inaccessible pour la simple raison que la relation de pouvoir est une relation causale non réversible.

           

Chapitre 3 : La pluralité des cadres d'analyse

 

            Depuis quelques années, il y a une prise de conscience que l'entreprise peut améliorer sa position concurrentielle par le développement des relations partenariales. Pour cerner ce phénomène, des recherches pluridisciplinaires ont été menées dans les domaines de la stratégie, du marketing, de l'organisation, les systèmes d'informations. Mais elles n'ont pas débouché sur un consensus sur la notion de réseau. Dans un cadre large, la structure en réseau peut être ramenée à la mise en oeuvre de stratégies de coopération entre entreprises sur une même chaîne de valeur.

 

1. Les structures en réseau : quelle existence théo


25/06/2007
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